lundi 3 novembre 2014

Hallowe’en, Cuvée 2014


 Hallowe’en est ma fête préférée… bon, d’accord, disons que c’est ma deuxième fête préférée, après Noël. Ne venez pas me dire que c’est une sale importation commerciale américaine. Je rêvais de Samain, j’écrivais sur Samain, depuis mon adolescence.
Que Harry Potter, Tim Burton, et tous les autres soient passés par là et que je vive dans une région riche en Anglo-Saxons me permet désormais de profiter pleinement de cette fête.

Et, c’est ma joie de cette année, une grande joie — le permet aussi au Petit Magicien.
« Maman, ça va être le plus beau Halloween de notre vie ! »
Moquez-vous (ce n’est que le deuxième qu’il fête). C’est merveilleux.

Comme l’an dernier, j’ai fait appel aux services de La Drôlerie à Ornex où j’ai commandé une nouvelle grappe de ballons et acheté quelques bricoles, dont un gros paquet de toile d’araignées (agrémentées es araignées en plastique elles-mêmes, bien sûr.) Rien de trop effrayant. Il n’a pas peur des araignées. Il n’a cessé de nous dire que c’était « beau, les toiles d’araignée ! »

Comme l’an dernier, j’ai sculpté une citrouille. Je persiste et signe : avec de bons outils et une citrouille bien choisie (une vraie Jack O’Lantern, la plus sphérique possible), c’est vraiment facile.

Pour la pâtisserie, j’ai utilisé ces moules de chez Creavea, et décoré ensuite les créatures avec des stylos alimentaires et du glaçage. 
Comme le Petit Magicien adore la pâte d’amandes, j’ai aussi réalisé de petites citrouilles en pâte d’amandes (de la verte, de la blanche colorée en orange… et sur certaines, des yeux en sucre achetés chez Betty Bossi).Quelques étiquettes de Jennifer Sbranti pour Hostess with the Mostess, et le tour était joué.

Cette année, notre amie Cécile Saimond a mis en vente ses propres printables d’Halloween sur sa toute neuve boutique Etsy, Papier Bonbon. J’en ai donc profité pour imprimer et monter de jolies treat boxes. Je voulais construire aussi son pantin Jack mais j’ai manqué de temps et d’attaches parisiennes. Tant mieux ! Cela me fera une nouveauté pour l’an prochain. Vous pouvez aller voir Jack sur le blog de Cécile.

Enfin, et surtout, cette année, nous nous sommes déguisés. Tous. Même Beau-Dodu a mis son plus beau pyjama dragon de chez DPAM.  Le Petit Magicien était en vampire, ses invités en fantôme et sorcière (et moi aussi, bien sûr).
A la tombée de la nuit, j’ai donc escorté les trois monstres de quatre ans dans le voisinage, afin qu’ils puissent terroriser les voisins en échange de friandises. Et ce fut un succès. A tous points de vue. Les enfants étaient enthousiastes, et bien plus courageux que je n’aurais cru. Les voisins, coopératifs (et attendris). Nous avons récolté une telle masse de bonbons, dans le grand panier que je portais au bras, que les treat boxes débordaient. J’ai dû apporter des bonbons à mes élèves.

Les décorations s’attardent même si la magie s’étiole. Ce n’est pas grave. Tandis que les nuits s’allongent, une autre magie, bien différente, approche. Celle de l’Avent. Et je me réjouis, de nouveau.

dimanche 2 novembre 2014

Les Quatre Ans du Petit Magicien (2) : En Coulisses


Cette année, je voulais de la magie pour mon Petit Magicien.
De la vraie magie. Celle qui émerveille, qui écarquille les yeux, qui fait qu’on y croit.
Il en absorbe tous les jours, il y en a plein nos histoires, et il en réclame davantage. Les bouts de bois se transforment souvent en baguettes magiques, les balais s’envolent, les entassements de branchages sont des maisons de Trolls et une armée d’animaux magiques arrive à l’appel de sa trompette (en tout cas, c’est ce qu’il nous dit). Sans parler de Sirius Black. Bref.
Nous avons finalement mis au point, à grands renforts de blogs écumés, de shopping spécialisé et d’amis pyrotechniciens, un anniversaire sur le thème des Lutins dont je suis assez contente.
Vous pouvez lire le récit de la fête, à vue d'enfants, ici.


Pour l’invitation, ce n’était pas compliqué. Un scanner et quelques livres de Brian et Wendy Froud ont fait l’affaire. Je ne vous montre pas, c’est tout plein de copyright dedans.

La boisson « c’est du raide »
En fait, il s’agissait du sirop « saveur Tarte aux fraises » du Temps des Mets
Parce que la bouteille est petite, jolie, et que le liquide était à la fois « raide » (du sirop non dilué !) mais buvable par les enfants.

Les colliers
Là encore, rien de compliqué : du ruban vert, des perles… J’ai trouvé les petits glands de métal sur ALittleMercerie.

Les Œufs de Grenouilles-Faëes
Des perles d’eau (aka water beads pour les anglophones).Vous savez, ces étranges petites billes qui gonflent en trempant dans l’eau. J’en ai choisi de couleurs variées, étincelantes et irisées.
Inconvénient : il faut des heures de trempage pour qu’elles atteignent leur pleine taille. Dans notre cas, c’était après la fin des festivités. Mais ils étaient contents quand même.
Et la Fontaine-de-Fées pour les faire tremper ? A 6 euros chez CASA (c’est une vasque pour bougies flottantes.)
 
Les Glands d’Argent
Des glands fraichement récoltés (j’ai bien conscience que ce n’est pas possible en toutes saisons !) et peints. A la bombe. Pas très sain, mais prêt en quelques minutes.

Les Glands-Joyaux
Une fabrication simplissime que j’ai trouvé sur Kiwi Crate.
Il semble un peu partout en ligne mais je pense que Jen Berlingo de paintcutpaste.com en est la créatrice.
- Récolter des chapeaux de glands
- Colorier l’intérieur au feutre de couleur (n’importe quel feutre de vos enfants fera l’affaire)
- Remplir de colle blanche
- Laisser sécher (environ 48h)
C’est inratable, beau et original.

Fairy Berries
Les Feux-Follets
Il s’agissait des merveilleuses et vraiment magiques Fairy Berries. Je les ai achetées sur ThinkGeek ici.
Ce sont de petites billes à LED dont la lumière augmente et diminue d’intensité avec un vrai naturel de ver luisant ou de feu follet.
Leur seul inconvénient est d’être à peu près impossible à éteindre. Elles brillent toujours dans mon tiroir quand je tape ces lignes.

L’Elixir d’Arc-en-Ciel
J’ai emprunté volé l’idée au sublime anniversaire Sorcières réalisé et décrit par Céline sur Le Temps de vivre
Voici ce qu’elle explique :
« Vous prenez un petit récipient transparent avec un bouchon à vis. Il faut qu'il soit bien étanche. Vous versez un peu de sucre blanc au fond – disons sur 2-3 cm – au milieu duquel vous creusez une petite cupule. La cupule doit être bien au centre du récipient.
Vous versez aussi un peu de sucre dans une petite assiette. Ensuite, à l'aide d'une pointe de couteau, vous prélevez un tout petit peu de colorant alimentaire en que vous déposez délicatement dans l'assiette de sucre. Le sucre va s'amalgamer autour du gel de colorant et former une petite goutte de gel entourée de sucre. Avec une petite cuillère, il ne vous reste plus qu'à prélever la petite goutte et à la déposer délicatement au centre de votre récipient transparent, sur le lit de sucre, dans la cupule creusée à cet effet. Attention à ne pas toucher les bords, à bien centrer le colorant et à éviter qu'il ne roule sur la surface de sucre.
Ensuite, fastoche, on remplit le reste du récipient avec du sucre, et ainsi la bille de colorant devient totalement invisible. Laissez quand même deux ou trois centimètres vides en haut du récipient pour faciliter le secouage. On termine en fermant bien le récipient. Ensuite bien entendu, on évite d'agiter le récipient avant le jour J ! Il ne faut pas préparer les poudres trop à l'avance (la veille, c'est bon), pour ne pas que la couleur diffuse.
Au moment de révéler la couleur, il suffit de secouer énergétiquement le récipient et peu à peu le gel coloré va se diffuser dans tout le sucre et colorer tout le récipient. »
J’ai donc acheté six belles couleurs de colorants alimentaires en gel (oui, j’ai fait un arc-en-ciel à six couleurs, de toute façon ils sont trop petits pour identifier l’indigo), de jolis tubes à essai, et… mes expériences préliminaires se sont soldées par de cuisants échecs.
Le colorant ne se diffusait pas du tout au sucre.
Comme je suis paresseuse, je n’ai pas essayé de me corriger. J’ai écrit dans la Recette « Ajoutez de l’eau pour les révéler » et le tour était joué. Avec un peu d’eau en plus, la coloration se répand vite et magnifiquement, et l’effet reste magique. Leurs yeux se sont écarquillés : j’étais ravie !
Merci Céline !

Les bonbons
Je voulais des sucreries qui aient tout de même quelque chose de faërique, pas des paquets de Haribo.
Voici ce que j’ai choisi :
- des meringues (les célèbres « Cacas de Licornes » du Petit Magicien)
- des berlingots
- d’énormes boules au miel
- des baguettes de sucres d’orge
- des feuilles à la verveine
- des fleurs à la violette
La plupart de ces friandises viennent des Gourmandises de Sophie.

Les bougies
Leur flamme est assortie à la couleur da bougie. Oui, vous avez bien lu ! La bougie bleue produit une flamme bleue, et ainsi de suite.
Parfait, facile, efficace. Aussi chez ThinkGeek, mais se trouve sûrement ailleurs.

Le gâteau

BagEnd-like, et vraiment simple à réaliser. Je vous jure.

Il s’agit de deux gâteaux au chocolat (sans gluten, sans lactose, j’aime pouvoir manger les gâteaux que je fabrique…) de diamètre différent, empilés et recouverts de pâte à sucre. Deux verts différents.
Puis un dôme modelé en pâte d’amandes vertes pour rehausser la colline.
La porte et les volets sont en pâte à sucre rouge.
Les cailloux et le bouton de porte sont des pépites de nougats, enrobées de chocolat avec une peinture alimentaire métallisée. C'est tout prêt sur Déco Délices.
Les fleurs et champignons ont été achetés tout prêts, aussi sur Déco Délices.
Enfin, j’avais rempli le dôme-maison de bonbons qui ont dégringolé quand j’ai coupé le gâteau, pour la plus grande joie des enfants.
C’est assez facile, en fait. Les deux gâteaux en chocolat ont été faits le samedi matin avant 10h, la décoration pendant la sieste de l’après-midi.

Les fairy doors
Photo ©Cécile Saimond http://metalmidinette.com/2014/09/10/voyage-en-faerie/
 Ce que les adultes ont préféré, tant le Papa des Magiciens et moi pendant la réalisation que Cécile pendant l’anniversaire, comme en témoigne le post sur son blog.
L’idée vient de Roots Nursery (qui s’est inspirée de l’incroyable Nichola « Knickertwist » Battilana.) Vous n’avez pas besoin de grand chose :

- des bâtons de glace (récupérés ou achetés en paquets comme chez Creavea)
- peinture et lasure
- des boutons qui serviront de boutons de portes (j’ai utilisés ceux-ci, encore chez Creavea)
Il suffit d’assembler les bâtons de glaces pour créer différents modèles de portes (en collant et retaillant au besoin les bâtons transversaux), puis de peindre et lasurer, enfin de coller les boutons. Il faut s’y prendre suffisamment à l’avance du fait des temps de séchage entre les étapes, mais ce n’est pas du tout compliqué.
Nous avons laissé les portes dans la nature après l’anniversaire.

samedi 1 novembre 2014

Les Quatre Ans du Petit Magicien (1) : le Récit

(Oui, c'était il y a deux mois, je sais bien.)

Cette année, je voulais de la magie pour mon Petit Magicien.
De la vraie magie. Celle qui émerveille, qui écarquille les yeux, qui fait qu’on y croit.

Il en absorbe tous les jours, il y en a plein nos histoires, et il en réclame davantage. Les bouts de bois se transforment souvent en baguettes magiques, les balais s’envolent, les entassements de branchages sont des maisons de Trolls et une armée d’animaux magiques arrive à l’appel de sa trompette (en tout cas, c’est ce qu’il nous dit). Sans parler de Sirius Black. Bref.

Nous avons finalement mis au point, à grands renforts de blogs écumés, de shopping spécialisé et d’amis pyrotechniciens, un anniversaire sur le thème des Lutins dont je suis assez contente.
Fairy door. Photo ©Cécile Saimond http://metalmidinette.com/2014/09/10/voyage-en-faerie/


Le Grand Déménagement
Savez-vous que les lutins déménagent à la fin de l’été ? Ils quittent leurs maisons d’arbres pour redescendre dans les sous-sols du sidh, loin, profond, à l’abri de l’hiver. Seules quelques créatures, comme les trolls, demeurent actifs à la froide saison.
Ce grand déménagement est un excellent moment pour observer l’activité faërique. On y trouve souvent des maisons lutines trop hâtivement désertées, des possessions oubliées, et parfois même on y croise quelques lutins retardataires…
La difficulté est d’estimer la date du déménagement, qui varie selon les régions, évidemment, mais aussi selon les phases de la lune et parfois même selon la précocité de l’hiver précédent.
Dans le Jura, les lutins, prudent, déménagent souvent aux derniers jours d’août (et ils ont eu bien tort, cette année, de rater le magnifique été indien qui a suivi.)
Nous avons donc proposé au Petit Magicien, le week-end de son anniversaire, de construire un piège à lutin pour tenter d’en capturer un.

Comment construire un piège à lutin ?
Rassurez-vous, ces pièges ne blessent pas les lutins (sinon dans leur orgueil). Le principe en est simplissime.
Prenez une boîte en carton (par exemple un carton de couches, si comme nous, vous avez un Tout-Petit-Magicien sous la main). Découpez-y un trou circulaire. Attention, le diamètre de ce trou est l’élément crucial du piège : il doit être juste assez grand pour y entrer une main. Placez dans la boîte une pomme. Choisissez la grosse, ronde, rouge et parfumée. Refermez la boîte à grands renforts de scotch.
Installez cette boîte à un endroit stratégique : près d’une porte ou d’une fenêtre ouverte mais pas à un endroit de grand passage. Mieux vaut s’assurer que la boîte sera difficile à déplacer : nous l’avions solidement attachée à une chaise.
L’idéal est d’installer un mécanisme d’alarme, comme une simple ficelle allant de la boîte à une cloche.
Vous avez compris ? Le lutin, attiré par l’odeur de la pomme, glissera sa main dans la boîte pour s’en emparer. Mais le trou n’est pas assez grand pour laisser ressortir sa  main tenant la pomme. Horreur ! Le lutin, refusant de laisser échapper le fruit, ragera et secouera la boîte, déclenchant ainsi l’alarme.

La capture
Nous avons construit le piège samedi soir avec notre Petit Magicien. Au dimanche matin, quelle déception, nous n’avions toujours capturé aucune créature faërique ! Les invités ont commencé d’arriver et se sont tous fort intéressés au piège. A vrai dire, ils ont déclenché le piège tous seuls à plusieurs reprises et avec force gloussements, pour nous faire des blagues. Nous accourrions… seulement pour les trouver tordus de rire près du piège.
« Ça suffit, leur ai-je dit finalement. Comment voulez-vous qu’un lutin approche si vous restez tout près du piège ? »
Alors je les ai emmenés faire un bricolage d’anniversaire, la merveilleuse veilleuse à LED de Ma Coco Box.
Et là, alors que nous étions tous absorbés par l’encollage de papier de soie sur des (petits) pots de verre… Ding-dong-ding-dong ! Nous nous regardons. Nous nous comptons. Mais… tout le monde est là ! Et ding-dong-ding-dong ! Qui est-ce, donc, qui fait sonner la cloche du piège !
Nous nous précipitons, les petits en tête. Ils dévalent l’escalier… et remontent bien vite quelques marches, pour mettre de la distance entre eux et la créature qui se débat dans le piège. Car nous avons bien capturé un lutin, mais pas un petit ! Il est plus grand qu’eux, et même plus grand que moi, vêtu d’étranges vêtements colorés, disparates et désuets, et doté de curieuses oreilles[1].

Lutin ©Brian et Wendy Froud
La négociation
Si vous avez déjà été en contact avec une créature de Faërie, vous le savez, à n’en pas douter. Avec eux, il s’agit de négocier. Et serré. En lisant bien les petites lignes.
Que voulait le lutin ? Etre libéré du piège, pardi, mais avec la pomme ! Et nous ? Des gâteaux et des bonbons, ont clamé les petits, un brin intéressés.
Bien entendu, le Lutin a protesté pendant plusieurs minutes de sa misère et de sa pauvreté, mais il a finalement admis connaître la recette d’une certaine potion-à-sucreries-arc-en-ciel. Ou peut-être ne l’a-t-il pas admis, exactement, mais l’un des enfants a subtilisé ladite recette dans sa poche. Bien sûr, la plupart des ingrédients ne pouvaient se trouver qu’en Faërie. Il faudrait donc que le Lutin nous ouvre une Porte. Il nous a aimablement proposé une petite lampée de sa boisson faërique (« attention, a-t-il prévenu, c’est du raide ») pour nous aider à discerner l’invisible. Surtout, il faudrait des protections — ce que le bougre s’est bien gardé de nous dire, mais heureusement nous avons quelque expérience en la matière. Emmener de jeunes enfants en Faërie, c’est toujours un peu dangereux, les Belles Gens pourraient bien vouloir les subtiliser et les remplacer par quelques changelins. Or nous y tenons, à nos monstraillons.
« Bon, bon, a bougonné le Lutin. Suivez les feux follets. »
Des feux follets ? Mais il faisait grand jour.
« Allez dans le noir, alors ! »
Le Lutin pestait de plus belle de s’être laissé enferrer par de tels imbéciles.
Et en effet, à notre grande surprise, dans le dortoir enténébré, nous avons distinguer une, deux, dix petites lueurs frémissantes qui semblaient cligner de l’œil. Des feux follets ! Traçant une piste ! Seul le Petit Magicien[2] a été assez brave pour pénétrer dans la pièce et suivre le chemin des feux follets. Au bout de la piste, il a trouvé un petit sachet de tissu translucide et coloré, qu’il a triomphalement rapporté.
Et dedans ? Six colliers de soie verte et de glands métalliques, six colliers pour protéger six enfants.
Un dernier coup d’œil sur la recette (tiens, ils disent qu’il faut de l’eau ! quelqu’un a une bouteille ? et des gants ! pour ramasser les champignons !), un panier sous mon bras, et nous voici partis. Gambadant sur la route, le Lutin croquait sa pomme en arborant un air des plus matois. On l’entendait murmurer : « …Leur ai pas dit où elle était, la Porte ! » Les enfants ont éclaté de rire : « Mais on le sait ! On l’a passée l’an dernier, pour combattre le Chapuzieux ! »
Le Lutin, vexé, est resté silencieux jusqu’à l’approche du Portail.
Et là… à peine les enfants avaient-ils commencé de former un cercle avec lui que… boum ! bam ! fizzzz ! Des gerbes d’étincelles et une épaisse fumée blanche ont voilé le portail pendant plusieurs minutes, laissant quelques flammèches derrière eux. Nous avons prudemment attendu qu’elles se dissipent, et, un par un, nous sommes entrés en Faërie.

Les ingrédients
Nous nous sommes donc lancés à la chasse aux ingrédients. Nous avons trouvé d’abord les Œufs de Grenouilles-Faës, minuscules et colorés. Non loin d’eux, une vasque transparente, pleine d’eau immobile, reposait dans l’herbe. Nous y avons prudemment déposé non pas six mais douze Œufs, au cas où, et avons poursuivi notre chemin. De temps en temps, l’un des petits explorateurs criait « Là ! un champignon ! vite, des gants ! » et nous déposions la cueillette dans mon panier. D’arbre en buisson, grimpant une pente escarpée, nous avons commencé à déceler des signes de présence faëe. Des portes ! De minuscules portes abandonnées en bas des troncs, au creux des mousses !
Nous avons trouvé les Glands d’Argent, faciles à reconnaître, les Glands-Joyaux, luisant en leur cœur d’étranges couleurs, et enfin les fioles… mais ! Elles étaient toutes blanches, ces Fioles, prétendument d’Elixir Arc-en-Ciel ! L’aînée des enfants, la seule lettrée, a relu la recette : « Ajouter de l’eau pour les révéler ». Elle a donc débouché sa fiole, nous y avons versé un peu d’eau… rien. Elle l’a secouée un peu et là, stupéfaction ! La fiole s’est teintée d’un jaune éclatant !
Enthousiastes, les autres petits quêteurs ont tenté l’expérience avec les autres fioles : vert ! bleu ! rouge ! orange ! violet ! Extraordinaire ! Nous avions notre élixir arc-en-ciel[3].

La potion
Nous avons prudemment redescendu la pente (il a fallu porter certains enfants), récupéré la Fontaine où trempaient les Œufs, et sommes revenus près de la maison.
Armés de la recette, les enfants ont soigneusement versé dans une marmite tous les ingrédients, en comptant bien : « un, deux, trois, quatre, cinq, six glands… »
La marmite a été déposée sur la table du jardin, le Lutin leur a demandé de reculer un peu et de se boucher les oreilles… et il a bien fait, car une détonation a retenti, accompagnée de fumées multicolores[4].
Quand les enfants se sont approchés, les ingrédients avaient disparu et à la place on comptait un, deux, trois, quatre, cinq, six sachets remplis de friandises.
 
Nous avons bien remercié le lutin. Et bien mangé.
Les Œufs inutilisés ont continué de grossir, translucides et irisés.
Nous ne savons pas trop qui a fait le gâteau (était-ce moi ou le lutin ?) mais ce qui est sûr, c’est que quand je l’ai découpé, le haut de la colline a laissé échapper un flot de gros berlingots… S’il n’y a pas de la magie là-dessous…

(Dans le prochain épisode : en coulisses ou « qu’est-ce que c’est que cette histoire de fous ? » — l’explication de tous nos trucs)


[1] J’estimerai, plus tard, qu’il s’agit sans doute d’un Pooka 
mais à vrai dire nous n’avons pas eu l’occasion de le lui demander — ce n’aurait guère été poli, qui plus est.
[2] pour la seule fois de cette aventure voire de son existence
[3] les lutins ne semblent pas connaître l’indigo
[4] même que la table en est restée tachée