Ce sont pourtant de bons souvenirs : Le Loup dans la Lune,
la série des Cacas Magiques…
Et puis, le Noël qui suivait ses trois ans, un mois après la
naissance de Beau-Dodu, notre maison du Jura a été frappée par la tempête,
comme une bonne partie de la France. Plus d’électricité, cela signifiait fort
peu d’éclairage et de chauffage. Ce soir-là, nous avons donc pris le parti de
raconter l’histoire non pas près de son lit, mais dans le seul endroit chaud et
lumineux de la maison : près de la cheminée.
C’est, bien sûr, le meilleur endroit au monde pour raconter
des histoires.
Mais cela signifiait que j’avais pour public toute la
famille : le Papa du Magicien et les deux Grands-Mères. J’ai donc choisi
de raconter le début de Bilbo le Hobbit. Je
n’avais pas le livre avec moi, mais je le connais quasiment par cœur.
J’ai continué le soir suivant.
Et ainsi de suite.
Et, même avec de l’électricité, sans tempête et sans feu de
cheminée, il en est toujours ainsi.
Depuis, outre Bilbo, j’ai
raconté les trois premiers tomes de Harry
Potter (deux fois), trois tomes de Narnia,
les deux premiers des Chroniques de Prydain de Lloyd Alexander, les trois premiers Tiphaine Patraque,
ainsi que, toujours de Terry Pratchett, Le fabuleux Maurice et ses rongeurs savants
(et aussi Le Père Porcher, parce
qu’il a beaucoup insisté.) J’ai raconté les trois premiers tomes du Magicien d’Oz de L. Frank Baum, Le château de Hurle de Diana Wynne Jones et je raconte en
ce moment sa suite, Castle in the Air.
Je recommande hautement tous ces livres (même si
l’intertexte biblique de Narnia est
un peu lourd pour nous autres lecteurs adultes, il ne diminue absolument pas le
plaisir du Petit Magicien.)
Je me suis régalée. Le Petit Magicien et son Papa aussi,
ainsi que nos auditeurs occasionnels qui, se trouvant avec nous le soir, ont hérité
de cette coutume familiale.
« Est-ce qu’il.s/elle.s va/vont écouter
l’histoire ? » est devenue une question récurrente du Petit Magicien.
Je me régale parce que j’aime les histoires, parce que
j’aime raconter, et parce que c’est devenu un vrai moment de partage familial.
Nous parlons de ces histoires, d’autant plus que le
découpage en chapitres permet du suspense, des questions non résolues, permet
aussi de vivre plus longtemps avec les personnages. Les Nac Mac Feegle ont
complètement intégré l’imaginaire du Petit Magicien, par exemple. Sirius Black
et Gwydion sont passés au rang de ses protecteurs.
Je pourrais lire les chapitres, bien sûr, au lieu de les
raconter. Cela m’oblige à relire pendant la journée le chapitre à venir, afin
qu’il soit frais dans ma mémoire le soir.
Mais : le conte, l’oralité participent de la magie. Et
me donnent plus de liberté : je coupe ou développe selon l’état de fatigue
du Petit Magicien, j’ajoute parfois une plaisanterie, j’intègre ses questions
dans le récit (« Comment est-ce qu’ils m’entendent, dans
l’histoire ? » demande-t-il alors.)
Cela me permet aussi d’utiliser des histoires dont la
traduction française n’est peu ou pas disponible !
A suivre. J’ai toujours aimé les romans-feuilletons.