Je n’ai pas écrit sur le blog, ces derniers temps. Pourtant
nous avons fêté Halloween, et les deux ans du Joli-Hobbit. Pourtant nous avons
commencé avec enthousiasme, comme chaque année, notre calendrier de l’Avent.
Mais je n’ai pas écrit tout cela. Parce qu’elle est bien
sombre, cette fin d’année 2015.
Et parce qu’être parent, il faut bien que je l’écrive une
fois, c’est avoir peur.
Qu’on ne se méprenne pas : je ne suis pas une mère
spécialement angoissée. Je ne m’inquiète pas pour l’école, ni pour la cantine,
ni si je les perds de vue parce qu’ils courent de l’autre côté de la colline,
ni même s’ils ont 40 de fièvre. Je ne cours (presque) jamais aux urgences. Je
n’ai pas peur que leurs camarades les harcèlent, que leur maîtresse les
persécute, ni même que leur école se fasse attaquer.
Non.
J’ai peur qu’ils grandissent dans un monde trop noir, trop
chaud, trop pollué.
Dans un monde triste et violent, un monde où les gens se
replieront sur eux-mêmes, auront peur de leurs voisins.
Un monde en guerre.
Un monde sur lequel il ne neigera plus — eux qui aiment tant
creuser l’hiver des tunnels dans la neige haute avec leur Papa.
J’ai peur qu’ils grandissent dans un monde pire que le
nôtre. C’est ça, voilà, qui est affreux. Mes parents sont de la génération de
68. Ils ont cru pour leurs enfants à un monde meilleur. Moi, je ne peux plus.
Je ne peux plus qu’espérer de toutes mes forces un monde qui
ne soit pas trop pire, et me torturer d’impuissance.
Je vote, oui, je signe des pétitions, je recycle mes
poubelles, je donne de l’argent aux mendiants dans la rue, je donne de l’argent
aux enfants d’Afrique et aux réfugiés de Syrie. J’enseigne, ce que je peux,
j’essaie d’enseigner le contraire de la peur et de la haine.
Mais ce n’est rien, tout ça.
C’est tellement dérisoire.
Je voudrais faire plus, il faudrait faire plus, tellement
plus.
Mais je me retrouve à serrer les dents, serrer les poings.
Et j’ai terriblement peur. Pour eux, mes Très-Aimés, mes
Si-Fragiles-Encore. Et le monde où ils vivront demain.